La deuxième édition du programme devrait, propose le préfet, cibler maintenant des quartiers de gares ou "une centaine d'entrées de ville". "C'est la France moche", a indiqué le coordonnateur du programme Action Coeur de Ville au sein de l'ANCT, jeudi 2 juin lors des Assises Nationales du Logement (et de la mixité urbaine), organisées par le Groupe Batiactu.
Assises nationales du logement, ce 2 juin - de g. à dr. Rémi Cambau, rédacteur en chef de Cadre de Ville, Nadia Bouyer, directrice génerale d'Action Logement, Rollon Mouchel-Blaisot, coordonnateur du programme Action Coeur de Ville au sein de l'ANCT, et Patrick Amico, adjoint au maire de Marseille chargé du logement et de la lutte contre l'habitat indigne
Le préfet Rollon Mouchel-Blaisot intervenait lors des Assises du Logement ce jeudi 2 juin. Pour faire un point sur l'avancement de l'initiative Réinventons nos cœurs de ville (voir le lancement de la deuxième édition). Ce fut l'occasion pour le coordonnateur d'Action Cœur de Ville au sein de l'ANCT - l'Agence nationale pour la cohésion des territoires - de révéler quelques pistes du rapport qu'il va rendre le 8 juillet à la ministre de tutelle de l'ANCT, Amélie de Montchalin.
Le préfet est aussi chargé du suivi des ORT, les opérations de revitalisation du territoire qui ne se limitent pas aux "villes ACV". En effet, la procédure qui emporte avec elle plusieurs dispositifs réglementaires d'exception, notamment concernant le développement de l'offre commerciale, n'est pas réservée aux villes moyennes retenues pour ACV.
Le programme lancé en 2017 en direction des villes moyennes est un "modèle de l’action publique d’aujourd’hui et de demain" et doit maintenant répondre, dans une nouvelle phase 2022-2026, à une "aspiration profonde" à la transformation "sociale, écologique, économique" des communes sélectionnées en 2018, avait lancé le président de la République Emmanuel Macron en septembre 2021, lors de la 4e Rencontre nationale Action Coeur de Ville.
Mais ce programme, conçu comme son nom l'indique, pour les centres-villes en perte d'attractivité, peut-il élargir son champ, et englober d'autres échelles et d'autres objectifs que la revitalisation des centres ?
"Je dois remettre le 8 juillet un rapport sur la prochaine phase d'Action Cœur de Ville", a annoncé en conférence Rollon Mouchel-Blaisot, précisant ensuite à Cadre de Ville : "Le programme devrait être rattaché à la Première ministre car il engloberait des dimensions interministérielles, comme la santé".
"Il faut aller plus loin que la seule rénovation", affirme le préfet, et s'intéresser aux objectifs de mixité urbaine, ce que l'anthropologue urbaine Sonia Lavadinho a appelé dans la table-ronde précédente "la biodiversité des gens".
"Il faut remettre en cause la notion de zones tendues et zones détendues, et revoir le zonage ABCD qui ne correspond plus à rien, pour favoriser l'accès au logement". Le préfet préconise notamment la généralisation des Organismes de foncier solidaire, les OFS qui permettent de céder les logements en bail réel solidaire. "Ils peuvent bénéficier à 80% de la population française", confie-t-il. "Il faut faire baisser le prix des logements, et partager la valeur avec les OFS."
Au-delà de la revitalisation des centres par rénovation, mutation, nouvelle attractivité pour faire revenir des habitants et donc des commerces, Rollon Mouchel Blaisot cible de nouveaux enjeux. Notamment, accueillir des étudiants. 'Les élus en font un axe important des programmes de transformation'.
'Aujourd'hui, avec la première phase du programme, on rétablit le petit équilibre dans les villes moyennes retenues', explique-t-il. 'Il faut aller plus loin. Il y a les entrées de ville, les quartiers de gare'.
Le préfet veut embrasser large, et intégrer dans le programme 'l'adaptation de la ville et des logements au vieillissement, la nature en ville, et traiter la France moche'. 'On pourrait cibler 100 entrées de ville' propose-t-il.
Le changement d'échelle d'Action Coeur de Ville est déià en cours sur les questions de logement et de friches, à croire les villes engagées dans l'expérience "territoires pilotes de la sobriété foncière". Lors d'un point d'étape ce 2 juin, alors que le Puca, qui anime la démarche TPSF, organise un moment de synthèse cette semaine du 7 juin, Sylvain Grisot, AMO national de l'expérience qui mobilise 7 territoires, indiquait que "l'intérêt est de changer d'échelle par rapport à ACV, pour inventer une nouvelle attractivité des logements et sortir des standards de production". Si l'expérience a été initiée par le préfet Rollon Mouchel-Blaisot avec Hélène Peskine, directrice du Puca, aujourd'hui, elle va en effet plus loin qu'ACV.
Ludovic Hermant, directeur de l'aménagement et de l'urbanisme à Epernay Agglo, territoire pilote, témoigne, lors des Assises du Logement, que la sobriété foncière s'étudie et se programme à l'échelle des 48 communes de l'agglomération, dont l'une est Petite Ville de Demain, et Epernay elle-même Action Cœur de Ville.
Comment alors passer à cette échelle supérieure, géographique, pour s'intéresser à toute l'agglomération, et intégrer toutes les thématiques urbaines, comme le suggère le préfet Rollon Mouchel-Blaisot ? Son rapport va le préciser, mais il reste évident qu'un tel programme appellera davantage de financements.
Le préfet a rappelé, lors d'une table-ronde qui a vu également Nadia Bouyer, directrice d'Action Logement, expliquer l'intervention du Groupe AL en Outremer, l'importance des financements apportés par le 1% Logement dans Action Coeur de Ville - 1,5 milliard d'euros.
Mais, si l'ANCT attend, pour le volet 2 d'ACV, une montée en puissance des financements venus de la participation des entreprises à l'effort de construction de logements sociaux (la Peec), rien n'est encore acquis, a fortiori si le programme devait s'attacher à de nouveaux enjeux urbains. En effet, l'année 2022 doit voir la renégociation de la convention liant l'Etat et Action Logement, et, tant que celle-ci ne sera pas achevée - sans doute à la fin de l'année -, la part que prendrait cet acteur majeur dans un nouvel acte d'ACV ne pourra être envisagée.
Rémi Cambau, rédacteur en chef, Cadre de Ville
Saint-Nazaire lance officiellement son projet de nouveau campus d’Heinlex
Depuis plusieurs années, l'agglomération de Saint-Nazaire et Nantes Université ont pour projet de regrouper l’ensemble des formations universitaires sur le site d’Heinlex, à deux pas du Centre Hospitalier. C'est là que se trouve déjà l'IUT de Saint-Nazaire. A terme, le campus d'Heinlex accueillera plusieurs établissements d'enseignement supérieur aujourd'hui basés à Gavy et viendra compléter l'offre universitaire du centre-ville et de la Cité scolaire. Actuellement en construction, le Pôle sciences et technologies de Nantes Université sera le premier bâtiment neuf à incarner le futur campus dès la rentrée prochaine. D'autres constructions, réhabilitations et projets d'espaces publics s'échelonneront jusqu'en 2026. Le projet de campus universitaire sur le site d'Heinlex a franchi une nouvelle étape jeudi 11 mai dernier avec la présentation du futur Pôle sciences et technologies de Nantes Université, en chantier depuis septembre 2022. Sur près de 2 662 m² SDP, il accueillera d'ici fin octobre 2023 une bibliothèque universitaire, une cafeteria et des salles de cours pour les étudiants de l’IUT mais aussi de Polytech et de l’UFR Sciences et Techniques, tous deux actuellement situés à Gavy - objet d'un des appels à projets immobiliers de la démarche "Ambition maritime et littorale". Photo du bâtiment du Pôle sciences et technologies de Nantes Université, en cours de construction - Crédits : Carene - Martin Launay
Lire plusLa Société du Grand Paris référence 518 architectes et paysagistes pour ses projets autour des gares du GPE
En commun avec Grand Paris Aménagement, après avoir sélectionné un panel d'opérateurs aptes à porter des projets immobiliers en co-promotion, la SGP présente le vivier d'architectes et paysagistes dans lequel elle et GPA puiseront au gré de leurs opérations. Sur les 700 candidats, 518 ont été retenus, dont une grande majorité d'agences franciliennes. La Société du Grand Paris a dévoilé, mardi 23 mai 2023, la liste des 518 architectes et paysagistes retenus, en commun avec Grand Paris Aménagement, dans le cadre de l'AMI lancé en juin 2022. Officiellement référencées, ces agences seront appelées, sur invitation, à répondre aux consultations de maîtrise d'œuvre lancées par la SGP ou GPA, dans le cadre des projets urbains et immobiliers déployés autour des 68 gares du Grand Paris Express. Sur les 518 agences, on compte 455 architectes, soit 88% du total, 46 paysagistes (9%) et 17 architectes & paysagistes (3%). Après que GPA a assuré en 2022 la sélection d'un pool d'opérateurs privés et sociaux, c'était au tour de la SGP de piloter la recherche de maîtres d'œuvre. [GOES]-Peron Architectes Urbanistes, 2Portzamparc, A+Architecture... Classée par ordre alphabétique, la liste compte aussi bien des agences confirmées qu'émergentes. Télécharger la liste complète des agences retenues par la SGP et GPA.
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Créé au début des années 1960, le quartier de Gaubre, à l'ouest de l'agglomération briviste, n'a jamais fait l'objet d'intervention structurelle majeure. Objet d'une convention NPNRU, signée en 2018, il amorce désormais sa mue. La commune vient de confier à Créham, agence pluridisciplinaire spécialisée en urbanisme, paysage, sociologie et développement local, l'étude urbaine préalable au recrutement de l'équipe de maîtrise d'oeuvre.
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