La loi Création Architecture et Patrimoine avait autorisé des expérimentations en opérations d'intérêt national, pour une période limitée et sur des champs restreints. La loi ESSOC va plus loin. Elle a été déclinée par une ordonnance, puis par un décret n° 2019-184, paru mardi 12 mars 2019 au Journal officiel.
Le ministre du Logement et de la Ville, également chargé de l'urbanisme, en train de réécrire le code de la construction et de l'habitat, souhaite "lancer une dynamique pour que les opérateurs, qu'ils soient établissements publics de l'Etat, ou opérateurs privés, s'emparent de la mise en oeuvre du décret qui ouvre le droit au permis d'expérimenter".
Le permis d'expérimenter est applicable sur tout le territoire national sans restriction géographique. Les domaines dans lesquels il autorise la prise de liberté avec le code de la construction sont listés précisément. Le décret reste cependant prudent sur tout ce qui touche au risque sismique.
Le ministre a saisi l'occasion du MIPIM pour signer une charte de diffusion du décret et de son champ d'application. Aux côtés de l'Etat et de l'ensemble de ses EPA, on trouve la Fédération des Promoteurs Immobiliers, une dizaine de grandes foncières françaises, telles Icade, Gecina, Covivio, et les grands promoteurs, Bouygues Immobilier, Vinci, Nexity notamment. En tout, une trentaine de signataires pour lancer le nouveau dispositif.
Conscient des surcoûts dans l'élaboration des dossiers d'autorisation des projets porteurs de nouvelles expérimentations, le ministère a prévu un budget pour compenser ces surcoûts. Jusqu'à 10 000 euros pourront ainsi être versés aux porteurs de projets. Une première ligne budgétaire de 200 000 euros a été ouverte. "Mais elle pourra être reconduite en fonction du succès du permis", fait savoir le ministère. Le tout sera géré, au sein de la DHUP, par la sous-direction de la qualité de la construction.
Julien Denormandie vient donc de lancer un appel aux opérateurs, une sorte d'AMI, pour que se présentent des candidats intéressés à explorer le champ ouvert à l'expérimentation. Une première date de clôture a été fixée au 15 juin, et une seconde de rattrapage, au 15 septembre 2019.
Attention, cependant, prévient le ministère, le dispositif d'expérimentation ne se substitue pas aux ATEx (Appréciation Technique d'Expérimentation) que conduit le CSTB : 'il est complémentaire', et les opérations expérimentales pourront donner lieu à des ATEx lorsque l'innovation touche à la nécessité de faire valider de nouveaux dispositifs techniques. R. C.
"Nous avons fait nos gammes en expérimentant le permis d'innover, qu'avait permis la loi CAP", fait valoir Thierry Lajoie, directeur général de Grand Paris Aménagement. En effet, GPA vient de lancer, au titre de la loi CAP trois opérations pour "casser les normes". Les EPA devaient "marier" les lauréats de l'appel à idées issu de la loi CAP avec des opérateurs immobiliers, sur des terrains de leurs opérations d'intérêt national.
De son côté, Euroméditerranée va porter deux projets.
Rémi CAMBAU, Rédacteur en chef de Cadre de Ville
Achat et commande publics : on continue de vivre une époque formidable
Les années passent et se ressemblent… cette nouvelle année qui s’ouvre pour la commande publique s’accompagne, comme toujours, d’interrogations sur ce qui attend les acheteurs et la sauce à laquelle ils vont pouvoir être mangés. Les deux décrets 2024-1217 et 2024- 1251 publiés les 28 et 30 décembre derniers ont à la fois clôturé l’année passée et donné le la pour celle à venir : l’évolution des textes est et va rester constante, un peu comme un pendule de Foucault et son éternel mouvement. Bien sûr, dès lors que ces évolutions sont motivées par des intentions louables, comme celle de la simplification des règles, elles ne sont pas contestables en soi ; même si on a ici et là la désagréable impression qu’on a de plus en plus tendance à s’éloigner de l’acte d’achat proprement dit, avec ses objectifs d’efficacité et de bonne gestion de l’argent public, au bénéfice d’autres objectifs dont celui de la protection de l’environnement et du développement durable.
Lire plus2024 - L’ACHAT PUBLIC ENTRE AVERTISSEMENTS, PROMESSES ET DEFIS
L’année 2024 est très certainement prometteur pour l’achat public. Grace à des formations initiales et continues qui ne cessent de se développer, la professionnalisation des acheteurs est réellement en marche. Ayant pris pleinement conscience de son impact économique et par la même social - l’achat public de travaux fournitures et services représentant en moyenne 20% de leur budget- de plus en plus de structures publiques et para publiques ont mis en place de véritables services dédiés à ce qu’il convient de considérer comme un puissant levier des politiques publiques. Gageons que cette année verra se prolonger des réflexions et débats déjà entamés sur l’impact de l’intelligence artificielle sur l’achat public, la cybercriminalité et la protection des données personnelles dans l’acte d’achat, l’extension de la location au détriment de l’achat proprement dit, l’instrumentalisation des ces quelques dizaines de milliards d’euros annuels au service de différentes politiques dont la souveraineté nationale et -ce n’est à priori pas antinomique- la protection de la planète…
Lire plusRelocalisons les marchés publics !
La commande publique, qu’elle émane des services de l’Etat ou des collectivités, représente des enjeux économiques considérables et ne peut subir aucune inégalité de traitement.
Lire plus