Longtemps bousculée par le développement des contrats globaux et tout particulièrement des partenariats publics-privés, la maîtrise d'œuvre a retrouvé un deuxième souffle au sein des contrats de la commande publique.
La loi CAP de juillet 2016 et son décret d'application de mai 2017 ont ainsi opéré une petite révolution, imposant non seulement l'identification d'une équipe de maîtrise d'œuvre au sein des marchés publics globaux mais aussi l'obligation pour les maîtres d'ouvrage publics de lui confier une mission de base.
En vertu de l'article 35 bis issu de la loi du 16 juillet 2016 relative à la création, à l'architecture et au patrimoine, il est dorénavant obligatoire d'identifier une équipe de maîtrise d'œuvre chargée de la conception de l'ouvrage et du suivi de sa réalisation au sein des marchés publics globaux.
Sont concernés les marchés de conception-réalisation (article 33 du décret du 25 mars 2016), les marchés globaux de performance (article 34) et les marchés globaux sectoriels (article 35 - immeubles affectés à l'armée, à la police, à la gendarmerie, aux sapeurs-pompiers de Paris, aux établissements pénitentiaires...).
L'article 35 bis est une réponse aux critiques récurrentes des maîtres d'œuvre qui s'estimaient noyés - à juste titre ? - au sein des équipes répondant aux procédures de marchés globaux, et sous la coupe des entreprises de travaux.
Le décret 2017-842 du 7 mai 2017 portant adaptation des missions de maîtrise d'œuvre aux marchés publics globaux est allé encore plus loin, dès lors qu'il impose une mission de base au sein des contrats globaux concernés.
Ces éléments de mission comprennent les études d'avant-projet définitif et les études de projet, auxquelles peuvent se rajouter les études d'esquisse et les études d'avant-projet sommaire. S'agissant du suivi de l'exécution du marché, la mission doit aussi comprendre les études d'exécution ou le visa, si les études ne sont pas réalisées par l'équipe de maîtrise d'œuvre elle-même, c'est à dire le suivi de la réalisation des travaux et le cas échéant leur direction (réunions de chantier et rédaction des procès-verbaux). Ne figurent pas, par contre, la réception des travaux, l'établissement du décompte général et la mise en œuvre de la garantie de parfait achèvement, auxquels le maître d'œuvre est seulement susceptible d'être associé.
La mission de base " contrats globaux" est donc moins étendue que la mission de base "marchés séparés" telle que définie par le décret 93-1268 du 29 novembre 1993 , s'agissant surtout du suivi de la fin du chantier. Cela s'explique par le fait que, dans les contrats globaux, le maître d'œuvre n'a pas le même positionnement au regard du maître d'ouvrage que dans les marchés séparés. Ainsi, lors des opérations de réception et de levée des réserves, il se situe davantage aux côtés de l'entreprise que de celui du maître d'ouvrage, ce qui pose dans ce cas le maintien de son devoir de conseil auprès de ce dernier et de la responsabilité qui en découle- voir décision du Conseil d'Etat évoquée ci-après.
Du côté de la maîtrise d'ouvrage, qui a plutôt l'habitude de se reposer sur son maître d'œuvre pour effectuer de telles taches, une réflexion en termes d'organisation et de compétence en interne s'impose donc. Une autre solution est de recourir à une assistance à maîtrise d'ouvrage, afin de pouvoir être efficacement secondée dans ces étapes cruciales de fin des travaux et de transfert de l'ouvrage réalisé.
Malgré cela, le rôle du maître d'œuvre reste important dans les marchés globaux, sans doute davantage au niveau de la conception que du suivi de l'exécution des travaux. On rappellera ainsi que les marchés globaux, et avant tout les marchés de conception réalisation et les marchés de performance, doivent faire intervenir un jury notamment appelé à se prononcer sur les prestations de conception proposées par les candidats au marché, à l'instar de ce qui se pratique au sein des procédures de concours de maîtrise d'œuvre.
Jean-Marc PEYRICAL
Cabinet Peyrical & Sabattier Associés
Président de l’APASP
Directeur Scientifique du Cercle Colbert
La Société du Grand Paris référence 518 architectes et paysagistes pour ses projets autour des gares du GPE
En commun avec Grand Paris Aménagement, après avoir sélectionné un panel d'opérateurs aptes à porter des projets immobiliers en co-promotion, la SGP présente le vivier d'architectes et paysagistes dans lequel elle et GPA puiseront au gré de leurs opérations. Sur les 700 candidats, 518 ont été retenus, dont une grande majorité d'agences franciliennes. La Société du Grand Paris a dévoilé, mardi 23 mai 2023, la liste des 518 architectes et paysagistes retenus, en commun avec Grand Paris Aménagement, dans le cadre de l'AMI lancé en juin 2022. Officiellement référencées, ces agences seront appelées, sur invitation, à répondre aux consultations de maîtrise d'œuvre lancées par la SGP ou GPA, dans le cadre des projets urbains et immobiliers déployés autour des 68 gares du Grand Paris Express. Sur les 518 agences, on compte 455 architectes, soit 88% du total, 46 paysagistes (9%) et 17 architectes & paysagistes (3%). Après que GPA a assuré en 2022 la sélection d'un pool d'opérateurs privés et sociaux, c'était au tour de la SGP de piloter la recherche de maîtres d'œuvre. [GOES]-Peron Architectes Urbanistes, 2Portzamparc, A+Architecture... Classée par ordre alphabétique, la liste compte aussi bien des agences confirmées qu'émergentes. Télécharger la liste complète des agences retenues par la SGP et GPA.
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Créé au début des années 1960, le quartier de Gaubre, à l'ouest de l'agglomération briviste, n'a jamais fait l'objet d'intervention structurelle majeure. Objet d'une convention NPNRU, signée en 2018, il amorce désormais sa mue. La commune vient de confier à Créham, agence pluridisciplinaire spécialisée en urbanisme, paysage, sociologie et développement local, l'étude urbaine préalable au recrutement de l'équipe de maîtrise d'oeuvre.
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La société Paris Tennis et son responsable Hervé Picard, dont le portrait a récemment été tracé au sein d’un quotidien sportif dont le renom n’est plus à faire, ont donc de nouveau fait parler d’eux. Bien connus des prétoires administratifs depuis bientôt 20 ans, n’hésitant pas à contester toute attribution publique de courts de tennis non précédée de procédures de publicité et de concurrence, ils viennent d’obtenir une victoire d’autant plus majeure devant le Conseil d’Etat qu’elle était plutôt inattendue.
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